Le 1er novembre a pointé son nez. Entre Halloween et la fête des morts, nous fêtons la fête de tous les Saints. 🙂 Quelle belle synchronicité avec le conte du mois qui vient nous délivrer un message étonnant et à mon avis bien à propos. Je vous laisse en découvrir toute la subtilité et comme la dernière fois, les guides viendront répondre à mes questionnements concernant celui-ci, car bien qu’on puisse laisser notre imagination faire son travail de libération dans notre inconscient, avoir quelques petites pistes de réflexion peut être bien utile pour contenter notre mental. 😉
__________________________________________________________________________________________________________________________
C’est alors que par une belle après-midi d’été, une jeune femme encore endormie dans son lit s’éveilla. Par quel mystère avait-elle dormi aussi longtemps ? Elle se le demandait mais elle avait pris l’habitude de croire que rien n’arrive par hasard. Elle était née il y a fort longtemps mais pourtant elle ne vieillissait pas ! Incroyable me direz-vous, mais c’était hélas pour elle la triste vérité.
Aux premières années de sa vie, elle avait vécu tant de choses merveilleuses. Tant de beautés, de rêves enchantés réalisés, des moments moins agréables aussi mais qui font aussi la richesse d’une vie, lui avait permis d’être heureuse. Cependant, alors qu’elle avait vu son mari mourir, ses enfants grandir puis vieillir et mourir à leurs tours, elle avait vraiment ressenti un profond désarroi. Pourquoi la vie ne la prenait-elle pas et lui faisait-elle vivre ces aléas ? Oh elle n’avait pas toujours pensé que c’était une malédiction. Elle avait d’abord pensé qu’elle avait beaucoup de chance car elle restait toujours belle. C’est vrai, c’était une femme d’une incroyable beauté et qui avait fait tourner beaucoup de têtes mais au bout d’une centaine d’années, à batifoler et à finalement se retrouver seule à chaque fois, elle avait fini par regretter que sa vie se déroula de cette façon. Elle était devenue plusieurs fois grand-mère mais plus aucun de ses arrières petits-enfants ne venaient la voir. Le monde entier la prenait pour une sorcière et même elle avait fini par le croire ! Quelle infamie avait-elle fini par se dire un jour. Comment mettre fin à cette vie qui ne la rendait plus heureuse. Pire qui la rendait très malheureuse !
Elle avait pensé à changer de pays, aller là où personne ne la connaissait mais cela finissait toujours de la même façon. Elle avait fini par atterrir dans un vieux château inhabité qu’elle avait restauré pour pouvoir s’y sentir bien mais c’était seule et abandonnée qu’elle passait toutes ses journées.
Pas âme qui vive ne s’approchait du château. On disait même qu’il était hanté et qu’une princesse au destin tragique y avait perdu la vie lors d’un funeste festin. Cela l’amusait beaucoup d’avoir fini par habiter ce château. Au moins, personne ne viendrait la déranger. Mais que faire ? Ce matin-là donc, la « jeune » femme décida d’aller explorer la forêt alentour. Si les humains ne voulaient plus d’elle, peut-être pourrait-elle trouver grâce auprès de la nature et des animaux qui vivaient en son sein.
Elle s’engouffra donc dans la forêt qui commençait à peine au bord du château. Il faisait beau ce matin-là et on pouvait entendre une belle cacophonie qui s’étendait très loin. Des petits oiseaux, des cerfs faisaient entendre leur voix. Des petits écureuils ainsi que des faons se montraient parfois mais allaient vite se cacher lorsqu’ils l’apercevaient. Après avoir marché un certain temps, elle finit par arriver près d’un magnifique lac. Elle en fut émerveillée. Cela faisait quelques mois qu’elle habitait là et c’est la première fois qu’elle y venait. Elle sentit soudain la vie la traverser comme jamais. Elle qui avait fini par s’abandonner à son triste sort, ne trouvant aucun moyen de mettre fin à ses jours, ressentait pour la première fois depuis très longtemps le plaisir d’être en vie. Tous ses sens étaient en éveil. On pouvait voir le soleil qui brillait à la cime des arbres et ceux-ci se bercer au rythme du vent. Au ras de l’eau, on apercevait des cygnes au loin qui bordaient majestueusement le lac. Des petits oiseaux volaient au ras de l’eau dans une danse qui donnait l’impression d’être à l’opéra. Elle se disait qu’elle avait eu raison de sortir se promener. Que l’avenir lui réservait-il encore ? Après tout, elle ne pouvait pas mourir si bien que la peur avait totalement disparu de son esprit. Elle n’avait absolument pas peur de faire de mauvaises rencontres, elle qui pourtant avait si souvent souhaité disparaître.
Elle décida de rester près du lac pour la nuit. Non, aucune peur ne la tenaillait. Même pas celle de se faire dévorer par une bête féroce ? Une pointe d’excitation même avait envahi son esprit. Elle se sentait vivante comme jamais ! Que lui réserverait cette nuit ? Elle sentait qu’elle était sur le point de découvrir le secret de sa vie, et notamment de son étonnante longévité. Elle resta donc là, à observer les oiseaux chanter et danser, l’eau s’écouler lentement au loin vers ce qui devait être une rivière, les arbres danser dans le ciel et le soleil descendre petit à petit pour finir par tirer sa révérence pour laisser place à la nuit. Étonnamment, il ne faisait pas sombre. De multiples lucioles éclairaient toute la clairière et le lac leur rendaient leur lumière ce qui faisait qu’on y voyait presque comme en plein jour. C’était magnifique !
La « jeune » femme qui tout à coup ne se sentait plus aussi jeune s’avança doucement vers le lac. Son corps frêle, ne se déplaçait plus avec autant de vigueur qu’au petit matin.
« Et si ? Était-ce possible ? » se demandait-elle ?
Toute excitée d’y voir son reflet, elle s’approcha du lac et s’agenouilla au bord. Et ce qu’elle vit la surprit tout autant que cela la réjouit. Elle y vit le visage d’une vieille femme, toute ridée et fatiguée. Mais autant cela aurait pu l’effrayer, autant la paix inondait au contraire son visage. Elle se regarda longuement jusqu’à ce que le jour se lève. Mais au petit matin, quiconque serait venu se promener au bord du lac n’y aurait vu personne. Que c’était-il passé ? Personne ne le sut jamais. Cette femme avait-elle vraiment existé ? C’était comme si elle s’était volatilisée avec le vent et la nuit. On pouvait seulement y trouver une magnifique fleur qui trônait fièrement au bord de l’eau. Une fleur que l’on disait éternelle car hiver comme été, qu’il pleuve ou qu’il vente, cette jolie fleur jamais ne mourait…
__________________________________________________________________________________________________________________________
Mes chers guides, avez-vous une explication à nous donner sur la morale de cette magnifique histoire ?
Ma chère Nadège, comme tu l’as deviné il y a plusieurs pistes d’interprétation et le principe du conte est aussi de laisser à chacun la finesse d’y trouver ce qu’il sera venu y chercher en le lisant. Il y a effectivement la notion « d’éveil » que vous cherchez tous. Cette vie éternelle qui vient à vous un jour où la vie le décide, pas avant. Cependant, cette vie éternelle est déjà en vous. Elle s’exprime dans un premier temps dans la vie de cette femme qui ne vieillit jamais. Tous les autres personnages vieillissent mais pas elle. On peut y voir d’une certaine manière une anecdote sur le temps qui passe, est-ce une vie ou plusieurs ? Cela reste à vous de le déterminer. Une fois le passage fait, la paix prend la place et l’éternité prend ses droits sur cette fleur qui ne change jamais. Rien ne vient l’altérer, elle brille, elle enchante les alentours dans lequel elle se fond très bien et dont elle fait partie. Au final, elle rejoint une autre forme d’éternité, que ce soit l’eau, le ciel, le vent, le soleil… tous symboles de quelque chose de divin d’une certaine façon. A vous d’y voir encore d’autres subtilités. Et oui, pourquoi pas d’y voir aussi la notion de multiplicité même dans l’unicité… bien vu. 😉
Tu y as vu aussi la notion de « mort », avec son passage en paix vers la vie éternelle, vision de certaines religions et les aléas de la vie représentés de différentes manières. Il y a en fait de multiples interprétations et c’est ce qui fait la richesse des contes. On peut y puiser tant de choses, à la fois subtiles et concrètes mais aussi très personnelles à chacun ce qui ouvre le champ des possibles vers de grandes libérations.
Ce conte symboliserait en fait l’avènement de ce que vous appelez la vie éternelle. Celle-ci est déjà là mais pour beaucoup vous êtes en train de lui faire une grande place dans votre vie. Vous laissez de plus en plus la place à votre être divin et en ce sens on peut y voir la mort de certaines croyances, d’une certaine vision de la vie laissant place à plus de sagesse, plus de paix et plus de beauté. Ouvrez votre cœur à la vie, à la sagesse qu’il y a en vous de toute éternité et vous verrez que vous sublimerez la matière. Vous ferez en sorte que votre vie soit plus belle et en un sens cela améliorera le monde dans lequel vous vivez. Faites-donc la place à cette part de vous qui demande aujourd’hui à reprendre ses droits et accueillez-la les bras ouverts car c’est à la liberté que vous laisserez ensuite la place.
Sur ces paroles nous vous laissons méditer sur ce joli conte. Si vous en accueillez toute la subtilité, il vous délivrera tous ses secrets même si ceux-ci s’inscrivent en vous de manière inconsciente. 😉
Merci à vous pour cet éclairage.
Nadège
Magnifique ce conte ! Et quel chouette idée, cela change des méditations Classic et je peut le partager avec mon fils de 5 ans, merci Nadège !
Merci Johanna. Cela me touche. 🙂 Et quelle bonne idée de le partager avec votre fils. 😀
Peut-être pourriez-vous lire « Le Fil de Pénélope » d’Emmanuel d’Hooghvorst (chez Editions Beya), où l’auteur donne la signification essentielle et fondamentale des contes traditionnels.
Cordialement
Pr S. Feye
Merci pour votre suggestion. 🙂